envers du décor 2

Partie 2 : le fond



Ca aura été le grand absent de cette émission, nous n'avons pas réussi à décoller des clichés habituels : pirates = voleurs.
C'est dommage car si le discours d'Alain Rocca était à mon sens convenu, Jonathan Benassaya (fondateur de Deezer) aurait mérité d'avoir un peu plus la parole, peut être parce que j'avais envie de voir aborder les derniers revirements de Deezer et le développement du streaming, (un peu bousculé ces temps-ci et même remis en cause par certains)
C'est peut être ce qui, à terme, remplacera le téléchargement : à quoi bon télécharger si ce que l'on cherche est en ligne et que l'on est en permanence connecté ?
J'aurais aimé aussi que cette émission m'aide à comprendre cette hypocrisie qui fait qu'un blogueur peut mettre un player sur son blog et pas une bibliothèque ? Et qu'on ne me parle pas d'usage commerciaux : Une bibliothèque a pour mission de favoriser l'accès à la culture pas de faire des profits, ce qui n'est pas toujours le cas de certains blogs.

J'aurais aimé abordé aussi plein d'autres points :
Et dire combien cette loi :

- était une loi faite dans l’urgence pour sauver un système économique en péril et condamné à terme par de nouveaux moyens de communication, et que dans mon souvenir les lois ne servaient pas à sauver des sociétés financières qui n'avaient pas su anticiper et s'adapter ?

- Que cette loi allait instaurer un modèle répressif au détriment de la prévention : la plupart des gens ne comprennent pas pourquoi ils ne peuvent pas télécharger et n'ont pas la moindre idée du droit d'auteur ou de la propriété intellectuelle.

Cette loi favorise la délation, piétine la présomption d’innocence, à terme c’est l’internaute qui devra prouver son innocence... Une fois la sanction tombée !

- J'ai peur des listes blanches de Mme Albanel : Cette menace qui plane sur les points d’accès internet publics qui risquent de se voir restreints et bridés. Je n'ose penser aux conséquences dans nos bibliothèques ou nous devons déjà nous battre pour que Flickr ne soit pas un site interdit sur nos accès internet !

-Le téléchargement est devenu une pratique courante chez beaucoup et pour ceux, pour qui ça ne l'étaient pas, c'est en train de devenir un acte de rebellion. On est en train, en plus de diaboliser Internet, de le politiser.

- Cette loi accentuera la fracture numérique : ceux qui savent/ ceux qui ont de l’argent/ les autres :
Les pirates deviendront de plus en plus pro (j'ai lu sur la toile ces jours-ci : « si Hadopi passe, on va bien se marrer à détourner tout ça »)
Et les autres dans tout ça ? Quelle est la solution ? Payer ? Et si ils n'en ont pas les moyens ni la technicité ? J'aurais envie de pouvoir leur dire : Venez à la bibliothèque ou rendez-vous sur le site de la bibliothèque pour y trouver de la musique légalement et gratuitement (et sans bug ;-) de bénéficier (en mieux) de la recommandation telle que la fait un libraire en ligne avec ses « vous avez aimez, alors vous aimerez… »
Or ce principe d'accès est remis en cause par la loi… Comme on a pu le constater avec le rejet de l'amendement de l’IABD, visant à la reformulation de l’exception liée à la conservation, de la loi DADVSI en 2006 : « autorisation de reproduction à des fins de conservation (78tours, vinyles… qui dorment dans nos bibs et ne sont plus disponibles nulle part), de consultation accessible aux publics ! sous réserve de n’en chercher aucun avantage commercial »
Cet amendement a été rejeté !

Je suis inquiète, mais quand je lis des billets comme celui-ci, je me dis que rien n'est perdu, même si il nous faut rester vigilant !

Et si c'était à refaire je recommencerais, je referais cette émission parce que, comme me l'a dit un collègue :
"voir un(e) bibliothécaire à la TV dans un débat sur internet et le droit d'auteur c'est nouveau !"


Commentaires

eric1871 a dit…
Salut
je crois qu'il t'a déstabilisé d'entrée en t'entrainant sur son terrain... Evidemment c'est un pro et tu ne l'es pas. Comme tu l'as souligné le dispositif était forcément défavorable.
Sans être aussi doué et expert qu'Eolas, je pense qu'il faut relayer que, concernant le téléchargement de fichiers soumis à droits d'auteurs, l'heure n'est plus de savoir si c'est légitime ou non, parce que les pratiques ont toujours un temps d'avance sur les lois qui sont censées les encadrer, celles-ci ne peuvent que les entériner...
Après, insister sur le fait que, de toutes façons, les sociétés concernées ne se préoccupent plus de création depuis longtemps, et qu'on n'entend s'exprimer sur le sujet que les "artistes" les plus riches, et qu'on ne connait pas pour autant de crise de vocations dans les carrières artistiques.
Au contraire, je crois qu'un secteur plus précaire et incertain que jamais n'avait jamais connu (à tort ou à raison) autant de, sinon de vocations, disons de volontés. Comme quoi la crise de l'industrie artistique est favorable à l'éclosion de jeunes pousses

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